Pour la production et la sécurité de notre nourriture, si nous voulons que les abeilles nous aident, il faut que nous aidions les abeilles.

Une étude mondiale, sur cinq continents et 400 cultures, publiée au printemps 2013, dans le très respecté Science Magazine par Garibaldi et al., a récemment confirmé que les populations d’abeilles sauvages sont en train de faire la plupart de la pollinisation sur les terrains agricoles, sans, ou avec la présence des abeilles à miel.aidez-les-abeilles

Il faut élargir nos connaissances de ces 'autres' espèces d'abeilles... L'idée de 'sauver l'abeille' dans le passé s'est focalisée sur une seule espèce, mais maintenant, avec la confirmation de Garibaldi plus une étude européenne récemment publiée sur les stock d'abeilles à miel (insuffisant pour l'agriculture), nous voyons que les services de pollinisation fournis par les autres centaines d'espèces en France (2,500 en Europe), sont sous-valorisées. Pour qu'elles nous aident dans notre production de nourriture par leur pollinisation efficace, il y a des concepts de départ à maitriser.

La Biodiversité indigène

Il y a un spectre d'abeilles indigènes (les solitaires et les bourdons) qui sont le patrimoine de l'environnement de la campagne, de la ville et de la ferme. Les différentes espèces émergent de leurs cachettes et cocons pour leur phase de reproduction quand il y a de la nourriture (printemps et été). Elles se distinguent par le timing de leur émergence, leur choix de fleurs (avec une morphologie adaptée) et leur types de nids (terricole ou hors sol). Les abeilles indigènes ont l'avantage - parmi d’autres - d'avoir leur cycle de vie synchronisé avec le climat et les cultures agricoles locales.

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Respecter et encourager cette biodiversité indigène est la clé de l'avenir et la sécurité de notre nourriture ; c'est de reconnaitre que les différentes vagues d'espèces d'abeilles sauvages sont - et ont toujours été - nos alliées.

Restauration de pollinisateurs

Si nous pouvons maintenant réaliser que les mauvaises récoltes et des pesticides de plus en plus performants sont étroitement liés et indissociables - les deux cotés d'une même pièce - ce n'est pas seulement en faisant du 'bio' que nous adresserons les problèmes de rendement. Les problèmes de qualité ou perte de fruits et légumes, l'impératif financier ainsi que les exigences de la chaine alimentaire ne seront pas résolus. La densité de pollinisateurs doit être activement protégée et choyée, et même augmentée pour des avantages commerciaux.

Nous n'avons pas besoin de comprendre en profondeur le cycle de vie des pollinisateurs pour renverser leur déclin. Nous avons juste besoin de comprendre et de gérer 2 paramètres - le nectar et le milieu propice à leur nidification.

Gestion de Nectar

La durée de floraison pour les cultures spécifiques ne dure pas longtemps. Pour les abeilles solitaires qui font leurs nids pendant quatre à six semaines - leur phase de reproduction - une monoculture de fruits ne va pas fournir suffisamment de fourrage pour qu’elles puissent stocker leurs nids d'une manière adéquategestion-de-nectar_. Il faut leur donner d'autres sources alimentaires par ex. des fleurs de chaque côté de la culture commerciale. Pour les plus petites fermes qui ont plusieurs différentes cultures de fruits et/ou de légumes, la nécessité est moins prononcée car il y a une variété de nourriture étalée sur la saison.

Les fleurs sauvages peuvent être supplémenter par des arbustes indigènes avant la floraison de la culture commerciale. En demandant les conseils d'un pépiniériste local on peut se focaliser sur les plantes natives qui fleurissent surtout avant la culture ciblée. On aura des abeilles déjà en pleine action de nidification, au bon moment.

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Le nectar 'sauvage' ne va pas retirer les pollinisateurs loin de la culture, au contraire ; l’évidence indique que lorsque cela est fait judicieusement (avec les zones de nidification locales) plusieurs populations d’espèces d’abeilles sont attirées vers la ferme et vont envahir la zone. Si plusieurs cultures de différents fruits ou légumes sont plantées, les vagues d’émergence de différentes espèces solitaires, à travers le temps, vont aussi maintenir le taux de pollinisation comme une super-colonie.

Gestion de sites de Nidification

Les abeilles solitaires nichent soit dans le sol (les terricoles), soit hors-sol - les caulicoles, les xylophages et les rubicoles.

Les abeilles terricoles : Les endroits au bord des vergers et des champs représentent une zone exploitable pour augmenter d’une façon générale les populations et leurs activités. Ce sont les endroits ou la terre a le moins de risques d'être perturber et leur progéniture tuer par les activités de labourage.

Les détails et méthodologies pour développer ces différentes populations sont variables selon les espèces présentes, mais l’apprentissage se fait en les observant, et en repérant et répliquant leurs types de sols (ensoleillés, sablés etc.).

Les abeilles hors-sol : le cycle de vie annuel des abeilles solitaires nichant hors-sol  nous offre une possibilité très, très importante : intervenir dans les structures de leurs nids - en contraste avec les terricoles.  Le but est de réduire l'impact de l'écologie parasitaire qui va tenter de voler leur pollen et nectar ou de se nourrir des jeunes progénitures.  Après la saison de nidification, le simple nettoyage mécanique (pas chimique) peut éliminer ces parasites qui normalement freinent, stagnent ou réduisent la population indigène.  Ce coup de pouce va donner l'avantage à la population de l'abeille et est adressé par le nouveau domaine et stratégie de l'Osmiculture. Avec cette bonne approche, on est capable d'augmenter certaines populations d'abeilles par des facteurs de 3 à 5 fois, d'année en année.

Avec ces techniques peaufinées, nous pourrons calculer la quantité de matériaux de nidification nécessaire - des abris contenant des tunnels de bonnes dimensions et des matières appropriées.  Le but de ce travail est de focaliser, d'attirer et d'amplifier les populations d'abeilles (en particulier les abeilles maçonnes) directement à l'intérieur des champs et des vergers.

L'alliance des abeilles terricoles autour de la culture et l'application de l'Osmiculture dans les champs, va restaurer les populations et augmenter le taux de pollinisation. Le déclin des pollinisateurs sera, non seulement enrayé, mais en 3 ou 4 saisons les impératifs financiers seront fortement inversés due à un  rendement supérieur.

Autres Candidats Pollinisateurs

Ce concept de candidats pollinisateurs fait référence aux espèces qui sont les plus aptes à être amplifier autour d'une culture. Nous savons que pour les arbres fruitiers les abeilles maçonnes d'Osmia cornuta et Osmia rufa, sont des candidates idéales, mais il se pourrait - qu'avec 2500 espèces d'abeilles sauvages en Europe, les cultures de légumes ou autres fruits, arrivant plus tard dans la saison - qu'il y ait d'autres espèces plus efficaces. Déjà les bourdons comme Bombus terrestris ont un mécanisme de butinage efficace pour les tomates ; aux États Unis, il y a des espèces d'abeilles solitaires mieux adaptées à la pollinisation des gourdes et, au Canada, la pollinisation commerciale de la luzerne se fait avec Megachile rotundata, une abeille tapissière.

Une approche cohérente pour l’agriculture et l'abeille

abeilles-maconnes-males-pret-a-decoller-ENAvec toutes ces connaissances et concepts, nous avons maintenant une approche cohérente et durable avec le patrimoine naturel. Nous ne serons plus dépendant d'une seule espèce qui ne peut pas assurer notre avenir. En prenant compte activement de l'importance de la biodiversité des pollinisateurs, au niveau local, nous sécuriserons la fiabilité de la production, le rendement et la qualité des récoltes.

L’Osmiculture : la concentration des candidats pollinisateurs sur les cultures ciblées